Continuons notre exploration des clichés (commencée en Colombie), cette fois-ci sur le continent sud américain.
1- C’est dangereux
La sécurité en Amérique du Sud, c’est le problème numéro 1 des touristes européens qui projettent un voyage là-bas. Visiter les chutes d’Iguazu, le Machu Picchu, le désert d’Uyuni, ça fait rêver tout le monde. Mais un des bloquages (une fois surmonté l’effarement devant les prix des billets d’avion), c’est la sécurité. Alors…
L’Amérique du Sud, est-ce dangereux?
Le souci avec cette question, c’est qu’il n’y a pas de réponse unique.
Tout d’abord parce que c’est une question qui est beaucoup trop large: c’est comme si on vous demandait : c’est dangereux, l’Europe? L’Afrique? L’Asie? Chicos, on parle ici d’un continent entier, d’une superficie de plus de 17 millions de km². Des rives de l’Amazonie aux quartiers chics de Sao Paolo, des plages de sable de Rio au désert chilien d’Atacama, de la Terre de Feu argentine aux mines de Potosi boliviennes, l’Amérique du Sud comprend plusieurs réalités.
Et puis, pour répondre à cette question, il faut savoir aussi qui vous êtes. Etes vous habitué aux rues parisiennes du 16ème, à Aubervilliers, Marseille, la Bretagne? Ca veut dire quoi pour vous, dangereux?
L’Amérique du Sud est certainement plus dangereuse que l’Europe, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faut que vous ayez peur d’y mettre les pieds.
Ce qu’il faut que vous vous demandiez, c’est: suis-je prêt à prendre plus de précautions que d’habitude?
On ne parle pas de précautions trop extrêmes, mais des habitudes, comme moins sortir son smartphone dans la rue, ne pas se promener avec des objets trop luxueux, se déplacer en taxi une fois la nuit tombée (dans certains quartiers, pas partout, les mesures de sécurité varient selon les pays, les villes, les régions….).
Si pour vous, pas question de lâcher votre Rolex en voyage, ça n’est peut être pas le continent pour vous. Mais si vous êtes prêts à vous adapter et faire quelques efforts, vous ne devrez pas rencontrer de problèmes.
Rappelez-vous seulement de cette simple équation:
Adaptation + bons sens = routard averti
2- Il existe un seul type latino
Un ami vous dit qu’il va vous faire rencontrer sa cousine sud-américaine. Tout de suite, vous l’imaginez brune aux cheveux longs avec un teint halé. Surprise, lorsque vous la voyez pour la première fois, elle a la peau blanche et les cheveux clairs. Ou bien, elle a la peau noire et les cheveux frisés.
Si la blondeur et les peaux claires se font plus rares en Amérique du Sud qu’en Europe, ils ne sont pas inexistants sur le continent. Par exemple, de très nombreux Argentins viennent d’Europe, il n’est donc pas rare qu’ils aient la peau claire. Et des pays comme la Colombie ou le Brésil eurent beaucoup de population venus d’Afrique à une époque, il existe donc une communauté noire importante dans ces pays.
La colonisation, le commerce triangulaire, et les vagues d’immigration ont eu pour effet d’apporter beaucoup de diversité à l’Amérique du sud.
La Bolivie est le pays du continent dont la population a le plus conservé des racines indigènes: 55 % d’indigènes et 30 % de métis, soit 85 % de la population.
3- Les gens sont chaleureux
En règle générale, les sud américains sont sociables, ils apprécient les étrangers avec qui ils sont aimables. Au premier abord, ils seront surement plus chaleureux avec vous que les Européens. Si vous parlez (un minimum) leur langue et que vous avez une attitude positive, il y a de grandes chances que vous puissiez nouer des liens avec eux.
Gardez en tête les choses suivantes.
-> Premièrement, faites preuve d’ouverture d’esprit et oubliez ce que vous avez entendu sur la drogue, la pauvreté et la violence. Les latinos ont bien plus de choses à vous faire découvrir de leur culture que ce qu’on ressasse sans cesse à la télé chez nous.
->Deuxièmement, vu d’Amérique Latine, les Européens sont tous riches et vivent dans un grand confort. Il peut arriver que l’on essaye de vous vendre les articles au prix fort, essayez de vous renseigner au préalable sur les prix pour ne pas vous faire trop avoir.
4- C’est un continent pauvre
Oui, il y a plus de misère et de pauvreté en Amérique Latine qu’en Europe. Mais il est bon de savoir deux choses avant d’y aller.
- Les inégalités sont très grandes, et dans chaque grande ville, à côté de la misère, il y a des gens très, très, très riches. Qui vivent généralement dans des quartiers beaux, propres, et protégés. Ca n’est pas un hasard si un Uber d’hélicoptères a vu le jour à Sao Paolo, au Brésil. Si la pauvreté prévaut, cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de richesse.
- Le continent, à l’époque de la colonisation, a été complétement exploité par les Européens, au travers de l’Espagne. Ses ressources naturelles ont été en grande majorité pillées et ont permis à l’Europe de s’enrichir, puis de se développer. A Potosi (en Bolivie) , on raconte que l’on a extrait tellement d’argent des mines que l’on pourrait construire un pont en argent de Potosi à Madrid.
Si vous voulez aller plus loin, n’hésitez pas à lire « Les veines ouvertes de l’Amérique Latine » d’Eduardo Galeano, qui retrace l’histoire du continent. L’Amérique du Sud n’a pas toujours été ce qu’elle est aujourd’hui – l’Europe non plus. On a la mémoire courte, mais historiquement, la pauvreté de l’un a été lié, dans une certaine mesure, à la richesse de l’autre.
5- C’est le paradis de la drogue
Ah, merci à Narcos et à toutes ces Unes de journaux sensationnelles pour faire passer le continent entier comme un immense repaire de trafiquants de drogue.
Mais dans les faits, qu’en est-il?
En 2009, il est estimé que le trafic de cocaïne en Amérique Latine représentait 18 milliards de $, soit 0,6% du PIB régional.
Comme on peut le voir, 0,6% du PIB, c’est relativement faible.
Alors pourquoi en parle t-on autant? Peut-être parce que le trafic de drogue engendre corruption, violence et richesse – selon Forbes, le chef du cartel de Sinaloa, Joaquim Guzman (aussi appelé « El Chapo »), est l’un des hommes les plus riches du monde, avec une fortune estimée à 1 milliard de $. Violence, pouvoir, richesse, corruption, les ingrédients idéaux pour un reportage télévisé, un article de journal, ou une trame de long métrage.
Il faut également savoir que malgré son caractère illicite, la vente de drogue est soumise, comme n’importe quel autre produit, aux lois de l’économie.
Qu’est-ce que cela veut dire?
C’est simple: tant qu’il y aura une demande, il y aura une offre. Comme l’a dit une ministre colombienne: « Il sera difficile pour l’Amérique latine d’en finir avec le trafic de drogue tant que la consommation restera au même niveau en Europe et aux États-Unis« . Les Etats-Unis sont le premier consommateur de cocaïne au monde. Et en France, le nombre d’intoxications à la cocaïne a été multiplié par six durant les dernières années.
Il semble donc que le narcotrafic a encore de beaux jours devant lui.
Ceci dit, ça ne signifie pas que la drogue florisse sur tout le continent, loin de là. Elle peut être plus facilement accessible à certains endroits – notamment, pour ce que j’ai vu, en Amérique Centrale- mais sa présence reste marginale.
Ce n’est pas parce que le continent est un des leaders de narcotrafic que les habitants sont eux-mêmes consommateurs de drogues.
Par exemple, la France est un des leaders de l’industrie d’armement (ventes d’armes etc) mais cela ne signifie pas que sa population soit particulièrement armée.
6- En Amérique du Sud, on parle espagnol
En omettant le Brésil (portugais), la Guyane française (français, créole), le Guyana (anglais), et le Suriname (néérlandais), la langue du continent est en effet l’espagnol.
Mais attention, si vous arrivez avec un espagnol niveau collège, vous risquez d’avoir des suprises.
D’abord parce que l’espagne latino est un peu différent de l’espagnol d’Espagne. Pour vous donner une idée, c’est un peu comme l’anglais d’Angleterre qui n’est pas exactement pareil que l’anglais des Etats-Unis.
Sauf que lorsque l’on compare l’Angleterre et les Etats-Unis, on parle de deux pays. Dans le cas présent, on compare un pays, l’Espagne, avec l’Amérique du Sud, un continent entier.
Du coup, cela se complique un peu plus: en effet, chaque pays a ses expressions, ses mots, son accent. C’est toujours de l’espagnol, mais avec des variations plus ou moins grandes selon les régions. Eh oui, même à l’intérieur d’un seul pays, on trouve des variations selon les régions. Un peu comme en France, entre le Chti du nord, le provençal, le corse ou le breton, qui ont chacun leurs expressions, et un accent plus ou moins marqué.
Si vous avez un niveau correct d’espagnol, vous ne devrez pas avoir trop de mal à vous faire comprendre, mais attendez-vous à devoir faire preuve d’adaptation dès que vous changez de pays.
(Vous allez en Colombie? Jetez un oeil à notre lexique. Et si vous chercher à apprendre l’espagnol, on vous donne des pistes ici)
N’hésitez pas à laisser un commentaire si vous n’êtes pas d’accord, ou si vous avez des interrogations. Un second article sur les clichés du continent est en court : il y a encore tellement à dire!
Vous avez des questions et des doutes sur l’Amérique du Sud? On aborde d’autres sujets sur l’Amérique du sud ici.
Article très intéressant ! 😀
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Merci Melgane! (:
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Bel article ! Tellement vrai ^^… Je galère à faire comprendre tout ça aux gens qui ne voyagent pas…
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Merci! C’est le genre de trucs qu’il faut vivre pour comprendre !
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