Avant de venir en Argentine, le tango, je pensais que c’était 50% de robes sexy et 50% de promiscuité embarrassante avec une personne du sexe opposé.
Depuis ma traversée de l’Atlantique, je n’ai pas totalement changé d’avis, mais j’ai quand même appris beaucoup de choses intéressantes sur cette illustre danse.
Au premier abord, le tango, ça vous évoque probablement la sensualité, la féminité, l’élégance. A juste titre : quiconque ayant déjà assisté à un spectacle de tango peut témoigner de la grâce des mouvements des danseurs.
Mais ce que l’on sait moins, c’est que l’histoire du tango est empreinte de mélancolie, de pauvreté et d’immigration.
Le tango, ça ne s’est pas toujours dansé sur les pistes de danse des soirées mondaines des grandes capitales, bien au contraire.
Voici ci-dessous cinq choses que vous ignorez peut-être sur cette danse si porteña (aka de Buenos Aires).
1- « Le tango est une pensée triste qui se danse »
Cette phrase, prononcée par le poète argentin Discepolo, est très connue – à défaut d’être très claire. Le tango, une pensée ? Pour la comprendre, il faut remonter aux origines de la danse.
Petite minute histoire : c’est au sein de Buenos Aires que naquit le tango, vers les années 1880, dans des conditions particulières.
L’Argentine est un pays qui s’est construit à partir de différentes vagues d’immigration. Et justement, à la fin du 19eme siècle, une nouvelle vague arriva, composée essentiellement d’hommes fuyant la pauvreté de leurs pays.
La vaste majorité de ces migrants avaient tout laissé derrière eux pour trouver du travail autre part. Nostalgiques de leur patrie, de leurs femmes, de leurs familles, ils cherchaient du confort face à leur mélancolie. C’est dans ces conditions que l’on a vu naître le tango, dans cet environnement empreint de nostalgie.
C’est pourquoi on le définit poétiquement comme une « pensée triste qui se danse » : derrière la sensualité apparente du tango se cache la mélancolie de ces hommes déracinés de leurs patries.
2- Le tango vient des quartiers défavorisés de Buenos Aires
Dur à croire lorsque l’on voit comme le tango s’est diffusé dans les plus grandes métropoles du monde. Pourtant, ce sont les quartiers pauvres du sud de la ville de Buenos Aires qui ont vu naître le tango, lorsque les immigrants européens et africains dansaient dans la rue. Pour être plus précis, ces quartiers n’étaient pas seulement pauvres, mais aussi des lieux de prostitution. (Source)
D’ailleurs, au départ, les Argentins fortunés se refusaient à danser cette danse qui leur semblait trop scandaleuse et vulgaire pour eux.
Eh oui, il y a plus d’un siècle, danser le tango ne vous faisait pas exactement briller en société.
3- C’est à Paris que le Tango devint « chic »
Ce n’est qu’après que le tango fut exporté en Europe, et surtout dans la capitale française, qu’il gagna ses lettres de noblesse. En arrivant à Paris, le tango fut adopté comme une forme d’art qui permettait de « manifester de manière socialement acceptable les pulsions humaines« .
Paradoxalement, lorsque le tango revint sur sa terre natale, après son exportation européenne réussie, la haute société porteña décida de s’y mettre. C’est ainsi que le tango connut son heure de gloire au début du vingtième siècle : il fut adopté par de nombreux pays, des Etats-Unis à l’Argentine en passant par la France.
4- Le tango, une danse machiste ?
C’est la première chose que j’ai entendu dire à mon tout premier cours de tango, et s’il y a un fond de vérité dans cette phrase, c’est aussi à nuancer.
Si on qualifie le tango de machiste, parce que c’est une danse dans laquelle l’homme dirige et la femme suit ses pas.
Durant mon premier cours, le prof nous a aussi dit : « le tango, si c’est mal dansé, c’est toujours la faute de l’homme ». Ce qui explique probablement pourquoi le tango et moi, on a bien accroché : même si on le danse super mal, si on est une femme, on peut toujours reporter la faute sur son partenaire. Et je dois dire que cette philosophie est totalement en accord avec mes valeurs.
Cela dit, ceci est à nuancer, parce qu’au final, dans la majorité des danses occidentales, on a une personne qui guide, et l’autre qui se laisse guider. Le jeu de rôle n’est pas propre au tango argentin, loin de là.
De plus, dans le tango, le rôle de l’homme est de guider la femme, mais son objectif est de la mettre en valeur et de la faire briller. Au final, le tango n’est pas plus machiste que les autres danses de couples.
5- A l’origine, le tango se dansait entre hommes
Ce qui surprend souvent, lorsque l’on voit la sensualité des mouvements. Comment expliquer que cela ait commencé comme une danse masculine ?
On l’a vu, c’est avec les immigrants, en majorité masculins et sans le sou, que le tango est né. En manque de contact féminin, ils attendaient dans la rue d’aller voir des prostitués, peu nombreuses à l’époque.
Pour avoir la chance de danser avec ces dernières, la première étape, c’était déjà de savoir danser. Comme décrit au point précédent, c’est une danse où la personne qui guide les pas est l’homme, et pour savoir guider, cette personne doit connaitre des figures afin de pouvoir guider sa partenaire.
Donc en réalité, les hommes ne dansaient pas tout le temps avec des hommes : lorsqu’ils dansaient entre eux, c’était surtout pour apprendre des passes de danse. Pour pouvoir par la suite aller danser avec des femmes.
Source
Merci à Géraldine Guidicelli pour ses connaissances. Si vous êtes dans le sud de la France à la recherche de cours de tango, n’hésitez pas à la contacter !
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« Le tango se dansait entre hommes », ça, je ne m’y attendais pas!
Super bon article 👍
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Merci beaucoup! Effectivement ça surprend toujours, le tango est plein de surprise ! 🙂
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Merci pour cet article , on peut ce rendre compte que l Argentine et la France son t tres proches sur beaucoup de sujet , merci pour vos explications
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