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L’éclaireuse écoptimiste en Amérique Latine: une bonne dose d’inspiration

Rencontre avec Vanessa l’éclaireuse écoptimiste qui laisse partout où elle passe une trainée d’optimisme et d’écologie. Je l’ai découverte sur Facebook et j’ai souhaité l’interviewer pour qu’elle nous parle de son beau projet. Elle nous partage son militantisme inspirant depuis Cusco, la ciudad imperial.

Bonjour Vanessa! Pourrais-tu  tout d’abord nous dire où est-ce que tu te trouves actuellement, et quels sont tes plans de voyage?

Je suis arrivée au Pérou il y a environ un mois. Actuellement, je suis à Cusco, la première étape de mon voyage. Les trois premières semaines, j’ai pris des cours d’espagnol, car mes vieux souvenirs du collège ne me permettaient pas de pouvoir bien communiquer. Pour moi, c’est très important de parler la langue du pays. Et ces premières semaines m’ont permis de m’acclimater en douceur et de prendre la température de la région. Je n’ai pas de plan particulier sur ce que je ferai après, je déciderai en fonction du feeling et du ressenti. J’envisage, après le Pérou, de visiter la Bolivie, l’Equateur et la Colombie. Je sais que je resterai minimum 6 mois en Amérique Latine. Mais c’est possible que je rallonge mon séjour.  J’ai appris que dans 7 mois aura lieu en Equateur le « Foro Mundial de la bicicleta », un regroupement de cyclistes sud-américains qui a pour but de promouvoir l’utilisation du vélo en Amérique Latine. J’aimerais beaucoup y assister.

Pourrais-tu nous parler de ce qui t’a poussé à partir?

J’ai muri ce projet durant un an avant de partir. La préparation que j’ai faite ne se situait pas tant au niveau des villes, des pays et de l’organisation, mais plutôt sur ce que je cherchais vraiment, et quel était mon sujet. Ca m’a pris beaucoup de temps pour comprendre ce que je voulais. Mon voyage n’a pas pour thème la protection de l’environnement, on trouve beaucoup ce genre de thématiques aujourd’hui, et même si je trouve ça super, je voulais vraiment trouver ce qui me correspondait.

Pour comprendre mon projet, il faut d’abord comprendre d’où je viens. En France, je suis militante contre le réchauffement climatique depuis le 1er janvier 2016. C’est la date à laquelle j’ai vu le film « Demain », qui a littéralement changé ma vie. Avant ça, j’étais déjà sensible à certaines choses comme manger local ou recycler, mais ce film m’a vraiment ouvert la porte vers le militantisme engagé. Cela m’a aidé à développer ma conscience, je me renseigne plus, je sais pourquoi je fais les choses. Mon objectif est d’aller vers une société plus écologique et solidaire. Après avoir vu le film, mon engagement s’est développé et j’ai commencé à militer avec des associations en France. Cela m’a pris du temps, c’est un cheminement, et actuellement je commence à rentrer dans l’activisme. Pour moi, le militantisme, c’est différent. Militer, c’est promouvoir, faire des actions individuelles, en parler autour de soi. A mon rythme, je vais vers l’activisme, qui consiste à agir pour faire changer les pratiques des grandes entreprises et des politiques par le biais d’actions et de manifestations.

Tout ça, c’est venu progressivement. Il est arrivé un moment dans ma vie où je ne me reconnaissais plus dans mon boulot, j’étais urbaniste et je ne me sentais pas vraiment en accord avec ce que je faisais. Les mesures prises pour l’écologie restaient anecdotiques et de surface. C’était un contexte favorable pour partir en voyage: je n’avais pas trop d’engagements personnels et j’avais des envies d’ailleurs. Et bien sur, l’envie de sensibiliser à l’écologie. J’ai trouvé ça sympa de lier voyage et écologie.

Et donc, ton projet, en quoi consiste-t-il exactement?

Le sujet exact de mon voyage, c’est tout ce qui concerne le pouvoir d’agir citoyen. Comment les citoyens peuvent eux mêmes prendre en charge un changement de système, et imposer aux politiques et entreprises d’aller vers une société plus écologique et solidaire. Comment ils peuvent changer les choses eux-mêmes, en se déplaçant autrement et en ayant plus de conscience par rapport aux déchets.

Ce que je fais, c’est que j’essaye de rencontrer des militants écolos. Déjà pour voir ce qu’il se passe sur place: je ne viens pas pour donner des leçons, mais pour faire des rencontres, et voir si je peux ramener des idées intéressantes en France. J’ai rencontré des gens très intéressants dans le milieu écolo.

Je vis en Argentine et je trouve la conscience écologique assez faible. Quel a été ton ressenti au Pérou?

Au Pérou aussi, la conscience écologique n’est pas très forte. Cela-dit, il y a malgré tout des militants qui veulent faire des choses! Je pense qu’en France, on a plus de temps pour penser à ces problématiques là. Ici au Pérou, la vie est plus dure. Ce que j’ai constaté, c’est que la plupart des militants sont étudiants, car une fois qu’ils rentrent dans la vie active, ils doivent beaucoup bosser et ont moins de temps pour s’engager. Le seul moyen de continuer, c’est de développer une activité économique en rapport avec l’écologie. Ce que je fais, c’est d’aller voir les militants écologistes et filmer des interviews avec eux. C’est un moment d’échange: je leur parle aussi de ce qu’il se passe en France. L’échange se crée très naturellement, c’est marrant car ça n’était pas mon objectif premier, mais au final c’est plus enrichissant.

Comment fais-tu pour rencontrer ces militants?

Pour les trouver, j’ai deux manières différentes.

La première, c’est d’utiliser le réseau de la marche mondiale pour le climat qui a eu lieu le 8 septembre dernier. Il y a eu des centaines d’actions partout dans le monde. Le site Rise for climate change recense toutes ces actions, avec descriptions et contacts pour chacune d’entre elles. Avant de partir, j’ai relevé dans les 4 pays que je souhaitais visiter des contacts d’associations et de personnes qui ont organisé des évènements lors de la marche pour le climat. C’est donc mon premier ticket pour entrer en contact avec les militants.

La deuxième chose que j’utilise, ce sont les groupes Facebook de réseaux d’entrepreneurs sociaux et environnementaux de l’ONG Make Sense. Chaque pays a un groupe Facebook, on y trouve plein de gens qui ont choisi de transformer leurs engagements en activité économique. Facebook est assez incroyable pour trouver des réseaux écolos.

Et puis à partir de là, il y a beaucoup de bouche à oreille et de rencontres faites au bon moment.

Par exemple, j’ai rencontré une fille ds une université à Cusco qui fait des interventions dans des écoles pour sensibiliser les enfants. Je suis allée avec elle, c’était très intéressant, elle parlait du cycle de l’eau. Après, personnellement, ce qui m’intéresse le plus, c’est d’échanger et de sensibiliser les adultes. Un de mes projets en Amérique Latine, c’est de projeter le film « Demain », puis avoir un débat après la projection, pour toucher un public plus large.

Est-ce que tu as l’impression que la population locale est réceptive à tes messages? Car là où je suis (Buenos Aires) ça n’est pas un thème qui passionne les foules.

Pour le moment je suis encore au début de mon voyage, je n’ai donc pas encore une vision assez poussée. C’est vrai que j’ai l’impression qu’ici aussi, tout le monde n’a pas l’air concerné par ce sujet. Mais je me rends aussi compte que beaucoup de gens travaillent là-dessus. En un mois, j’ai rencontré des dizaines de militants écolos. Je pense que malgré tout, il y a des gens qui réfléchissent à tout ça. Après, c’est sur que la priorité des personnes est souvent de subvenir à leurs besoins. Et j’ai la sensation que la mentalité est encore assez matérialiste, les gens aspirent à avoir des voitures et à consommer beaucoup. C’est ambivalent car ils ont aussi un rapport fort à Pachamama, la terre-mère. Je pense que c’est surtout une question de sensibilisation.

L’enjeu ici, c’est de parler de l’écologie sans avoir un discours de bobo ou d’élite. Il faut montrer que l’écologie, ça aide à mieux vivre, que c’est pas forcément un truc pour riches ou pour les gens qui ont le temps de se poser la question. Il faut leur montrer que c’est possible d’être écolo, sans forcément payer plus cher.

C’est pas un peu décourageant, parfois, le fait que les gens ne soient pas toujours réceptifs?

Je suis de nature optimiste, je côtoie beaucoup de personnes engagées, et je sais que quand tu rentres dans ces milieux, tu n’es plus tout seul. Et ça, ça change tout. Sans forcément devenir un gros activiste, le fait d’être dans une communauté, c’est super important. Avoir un sentiment d’appartenance à un groupe te donne une énergie dingue. Donc quand tu tombes devant des choses horribles qui te choquent (comme voir des gens jeter les sacs plastiques dans la rue) tu sais que derrière toi, il y a plein de gens, ça te permet de pas perdre espoir et de voir que malgré tout, il y a des choses qui bougent. Quand le desespoir pointe le bout de son nez, je me repose sur les initiatives qui existent . Rentrer dans une communauté, ça décuple ton énergie. C’est pour ça que c’est très important d’être dans des réseaux, même si tu agis juste à ton niveau individuel. Comme ça, tu n’as pas limpression de faire ça pour rien.

Pour le moment, au Pérou, j’ai surtout parlé à des militants, je suis dans un objectif de recevoir et d’apprendre, plus que de donner des leçons. Avec l’organisation d’une projection de « Demain », j’aimerais toucher une population qui n’est pas forcément militante.

Il y a une erreur typique des militants qui débutent: chercher à parler à des gens qui s’en foutent un peu. J’aime bien l’image des cercles qui se font dans l’eau quand on y lance quelque chose: il y a des touts petits cercles au milieu, et puis des très grands qui s’éloignent. Disons que les plus engagés sont dans les petits cercles du milieu. Et bien, typiquement, quand tu commence à militer, tu cherches à convaincre le cercle le plus grand, donc des gens qui s’en fichent. Selon moi, ceux à qui il faut parler, c’est ceux qui sont déjà un peu sensibilisés, mais qui ne savent pas trop pourquoi. C’est eux qu’il faut aller voir. Comme ça, le cercle s’agrandit, et c’est comme ça qu’on touche les gens les plus éloignés. C’est pour ça qu’en allant voir des militants écolos du Pérou, j’espère leur donner envie de se regrouper en communauté pour se sentir plus forts, et toucher plus de gens. Mon objectif, c’est de toucher des gens sensibilisés, mais isolés, afin de créer une communauté. Car moi, je suis éphémère ici. Le meilleur moyen d’avoir un impact, c’est de sensibiliser les gens déjà engagés.

Tu as prévu de visiter des communautés indigènes?

Si j’ai l’opportunité oui. Mon voyage se fait au fil des rencontres. C’est très important pour moi, je crois beaucoup à l’intuition, je me dis que les choses se feront d’elles mêmes. J’ai rencontré il y a peu un ami de mon coloc qui m’a parlé des communautés andines, j’irai peut-etre les voir avec lui, je laisse la vie me servir de guide. Initialement, je suis plus sur des thématiques urbaines, de par ma formation d’urbaniste. Je pense que le pouvoir d’action le plus fort se situe dans les villes. Mais je ne m’interdis pas d’aller voir des communautés andines et indigénes.

Après avoir voyagé en Amazonie colombienne, j’ai été très surprise du manque d’informations par rapport au plastique et à la pollution. Les indigènes vivent depuis des générations en communion avec la nature, ils ont toujours jeté leurs ordures dehors puisque tout était biodégradable, et ils continuent de le faire car en passant à un style de vie occidental, ils n’ont pas changé leurs habitudes.

Pour moi, la sensibilisation est le point d’entrée de tout ce que je fais. Je sais que je joue sur les mots, mais je préfère le terme « sensibilisation » à celui d’éducation, qui suggère un rapport de force. J’estime que tout le monde a l’intelligence suffisante pour comprendre les choses, mais ils doivent avoir les informations, et surtout voir l’intérêt de l’information. Eduquer, c’est juste donner des infos, comme à l’école, mais il n’y a pas d’échange et l’enfant ne digère pas forcément ce qu’on lui dit.

En fait, si on arrive à faire prendre conscience d’un rapport gagnant-gagnant, ça peut changer les choses. Pour moi, l’écologie n’est pas un sujet « supérieur » réservé aux élites. L’écologie, c’est être en harmonie avec son environnement. Personnellement, j’ai énormément changé mes modes de consommation, je mange local et de saison, et du coup je suis en relation directe avec des producteurs. Comme il n’y a pas d’intermédiaires, comme par exemple des chaines de supermarché, je finis par payer moins cher. Pourtant, je protège l’environnement, ainsi que ma santé. C’est vraiment du win win, tu peux être écolo et préserver ton niveau de vie.

Dans le futur, tu sais un peu ce que tu aimerais faire?

Je pense qu’un voyage transforme, je fais déjà des choses que je ne pensais pas faire. Mon intention, c’est déjà de revenir en France à la fin de mon voyage. Je pense qu’on est plus efficace dans sa langue maternelle pour militer. J’aimerais faire un récit de mon projet, qui pourrait toucher des gens. J’aimerais aussi réaliser une « conférence gesticulée » pour parler d’écologie, c’est un mélange de conférence et de théâtre. C’est plus divertissant et sympa qu’une conférence classique, qui ne touchera que les gens déjà convaincus. C’est mon objectif. Après, on verra ce qu’il se passera dans les prochains mois!

Vous pouvez retrouver Vanessa l’éclaireuse écoptimiste sur sa page Facebook et Instagram.

UPDATE : retrouvez le podcast de Vanessa sur son voyage, plus d’un an après notre interview.

Si vous avez un projet original en Amérique Latine, n’hésitez pas à me contacter, c’est toujours un plaisir de découvrir des idées innovantes!

5 réflexions au sujet de “L’éclaireuse écoptimiste en Amérique Latine: une bonne dose d’inspiration”

  1. Interview super intéressant !! C’est un beau projet que mène Vanessa et j’ai beaucoup aimé sa vision des choses et sa façon de faire. C’est très inspirant !
    Je suis actuellement au Pérou aussi, après être passée par la Bolivie et l’Argentine et j’ai eu l’occasion à maintes reprises de me rendre compte du manque de sensibilisation de la plupart des locaux et c’est super de mener des projets comme celui-là. Après mon passage en Bolivie où j’avais particulièrement été choquée par la pollution plastique et les gestes des locaux, à défaut de pouvoir faire quelque chose, j’étais allée à la rencontre d’une asso écolo à La Paz pour en apprendre plus sur les actions en place et avoir une meilleure idee d’où en est le pays. C’était très intéressant et je sais que quand je vais rentrer en France, je vais définitivement m’investir beaucoup plus dans des assos et actions qui font avancer les choses en matière d’écologie, de recyclage et de sensibilisation. C’est un sujet qui me parle et qui me touche encore plus depuis que je suis en voyage.
    Le voyage transforme, ouvre les yeux encore plus.
    Bon courage dans la suite de ton projet Vanessa et merci pour cet interview Pauline !

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  2. Article très enrichissant que j’ai dévoré ! C’est drôle je viens décrire un article sur comment réduire ses déchets en voyage et je retrouve pleins de pensées dans cette interview 🙂 J’aurai trop aimé vous rencontré avec @l’éclaireuse ecoptimiste !!

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